Recensements géorgiens
Ayant reçu d'Irina Badurashvili, démographe géorgienne, les formulaires du recensement géorgien prévu pour 1999 (mai), je voulais signaler quelques changements concernant notre débat, expression des conséquences de l'éclatement de l'URSS et des changements de perspective que cela implique.
Trois questions sont intéressantes, par rapport à notre débat:
1) La question sur la citoyenneté distingue les citoyens de Géorgie, ceux d'autres états, et les personnes sans citoyenneté.
2) la question sur la nationalité, issue de la tradition soviétique, est indiquee telle quelle (nationalité?) et les instructions ne
donnent aucune précision. En Russie, le projet a considérablement modifié la formulation de cette question (cf le formulaire sur
http://census.ined.fr);
3) la question sur la langue maternelle (rodnoj jazyk)suggère comme première réponse le géorgien, ou une autre réponse, ouverte.
D'autre part, il est demandé d'indiquer "les autres langues, connues couramment" (le géorgien étant à nouveau une réponse
privilégiée).
4) Enfin, une question sur la religion est introduite (ce qui n'est pas le cas en Russie, malgré les suggestions de certains: le
Goskomstat s'y était catégoriquement opposé). Elle distingue 6 religions (orthodoxe, Catholique, arméno-monophysite, protestante,
judaïque (iudeiskoe: ce terme fait référence à la religion, par opposition à evrej, qui renvoie plus à l'idée ethnique) et musulmane
(magometanskoe), puis autre ou aucune.
Il y a sans doute, dans la non reformulation de la question sur la nationalité, et l'introduction de cette nouvelle question, la volonté de diminuer les anciennes catégories nationales, tout en mettant l'accent sur une certaine unité géorgienne, renvoyant à la religion. L'observation des expériences dans les autres pays de la CEI (qui devraient, pour certains, voir aussi un recensement, à moins qu'il ne soit reporté comme en Russie), ainsi qu'en Europe centrale et orientale (cf. mon message sur la Pologne) devrait être très intéressante: Comment la disparition du caractère institutionnel des nationalités au sens soviétique du terme, conduit à modifier les représentations censitaires?
Alain Blum